petite interview de BB(abandons d'animaux-crise)

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui veulent adopter et qui se trouvent dans une situation financière difficile ?
BRIGITTE BARDOT. Le premier conseil est une évidence, et il s’adresse à tous les futurs maîtres : il ne faut pas acheter un animal. Ce n’est pas une marchandise et je suis contre toutes ces animaleries qui s’ouvrent n’importe où, jusque dans les galeries des hypermarchés. Aujourd’hui, on achète un chien, un chat, un lapin comme un achète un baril de lessive, et on s’en débarrasse de la même manière, c’est scandaleux. Je ne peux qu’encourager les futurs maîtres à se rendre dans un refuge pour adopter un compagnon de vie, mais c’est un acte responsable et il faut, avant tout, prendre conscience qu’un animal coûte cher, en alimentation et soins vétérinaires.

Y a-t-il une augmentation conséquente des demandes d’euthanasie ?
Il y a surtout une augmentation des abandons, mais ceux qui abandonnent leurs animaux se donnent bonne conscience et ne parlent pas d’euthanasie.

L’abandon est la solution ultime. Existe-t-il des solutions à appliquer pour ne pas arriver à cet extrême ?
L’abandon n’est pas la solution ultime, c’est la solution de facilité, d’une lâcheté absolue. Je ne crois pas que des difficultés financières puissent justifier l’abandon, pour tous ceux qui aiment leur chien ou leur chat, cette « solution » est inenvisageable. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage et quand on veut abandonner son chien toutes les raisons sont bonnes.

Peut-on réduire le budget d’un animal sans nuire à sa santé ?
Je pense qu’on dépense beaucoup trop d’argent pour des choses inutiles. Il n’est pas nécessaire d’acheter une nourriture hors de prix et il existe, pour les personnes démunies, des dispensaires vétérinaires. Ma fondation apporte elle aussi une aide importante en soins vétérinaires car certaines interventions sont extrêmement coûteuses et ne peuvent être payées par un maître qui rencontre des difficultés.

Conseillez-vous aux gens de ne pas adopter en temps de crise ?
Non, je conseille plus généralement aux gens de ne pas adopter s’ils n’ont pas pris en compte tout ce qu’implique cet acte responsable, en temps de crise ou pas.

Les refuges manquent de places et de moyens. Faudrait-il que l’Etat les soutienne financièrement ?
C’est une évidence. Je ne suis pas favorable à la multiplication des refuges car la place des animaux n’est pas derrière les barreaux, mais les structures existantes doivent être soutenues par l’Etat. Nous dépensons des fortunes à tenter de rendre moins carcérales les conditions d’accueil des animaux, mais il existe bien trop de refuges mouroirs dans notre pays et tout le monde s’en moque. Les collectivités locales ferment les yeux, dirigent les animaux trouvés sur la voie publique vers les petits refuges, participent à leur surcharge mais n’apportent aucune aide en retour.

Quel message souhaitez-vous faire passer auprès des propriétaires d’animaux ?
J’aimerais simplement leur dire qu’un animal coûte infiniment moins qu’il n’apporte. Nourrir un chien ou un chat revient, par jour, moins cher qu’acheter un paquet de cigarettes, alors l’affection, la confiance, la complicité et l’amour ne doivent pas être sacrifiés au nom d’une « crise » dont on nous rebat les oreilles du matin au soir jusqu’à l’écœurement.

(*) Fondation Brigitte Bardot,
28, rue Vineuse
75116 Paris FRANCE
Tél. : 33 (0)1.45.05.14.60 ; fax : 33 (0)1.45.05.14.80

Edition France Soir du samedi 25 avril 2009 page 2²